La fin de l’Evangile de dimanche est une formule classique dans la bouche de Jésus. Il se sert de phrase choc pour réveiller son auditoire appelé à comprendre qu’un jugement interviendra à l’occasion de sa venue en gloire. Si ce retour est absolument certain, et il marquera alors la fin de l’histoire de l’humanité, nous sommes aussi résolument placés devant notre liberté. Dieu fait très rarement, voire trop rarement, les choses à notre place. Il en est une qu’il ne fait pas à la place de l’homme, ce sont les choix de notre liberté. Si Dieu attend la réponse brève, libre et ferme de Marie pour que l’événement le plus important de toute l’histoire se fasse, à savoir l’incarnation du Verbe, Il attend logiquement que nous fassions fructifier les talents reçus. Il ne s’agit pas de perdre son temps en se lamentant devant les plus richement dotés en talents dans ce monde mais, petitement, d’être doué en charité. Dans ce domaine, nous avons tous le même talent qui peut prendre des formes infinies. Chacun est capable d’essayer d’aimer au moins une fois par jour. A la fin de l’histoire de l’humanité, le plus petit acte de charité ignoré de l’histoire bruyante des hommes apparaîtra dans tout son éclat. Celui qui aura donné 10 minutes par jour de sa vie à un malade, une personne seule ou un étranger n’aura pas perdu son temps ici-bas. Celui qui aura donné 10 minutes par jour de prière gratuite à Dieu n’aura pas perdu son temps.
Le jugement par Dieu se manifeste en deux temps : Il est à la fois personnel et universel. Il se fait pour chacun au moment de notre mort. Nous aurons à répondre de nos actions, de nos paroles mais aussi de nos omissions à faire le bien voulu par Dieu. Mais, le jugement par Dieu se fera aussi à la fin de l’histoire de l’humanité et de la création. Si, au moment de sa mort, on revoit sa vie personnelle devant Dieu, à la fin des temps, nous découvrirons l’histoire sainte menée par Dieu à travers les siècles. Nous serons surtout surpris de comprendre le dessein de Dieu à travers les drames des peuples, les guerres et les abominations de l’histoire de l’humanité.
Depuis la solennité de la Toussaint, l’Eglise nous fait regarder et méditer les fins dernières. Nous appelons cela l’eschatologie, la théologie des fins dernières. Ainsi, toutes les lectures des messes de semaine et des dimanches sont des regards sur la Vie éternelle, les Saints et les Saintes du ciel, la mort, le jugement par Dieu mais aussi sa Miséricorde infinie. Ce cycle va se conclure avec la solennité du Christ Roi de l’Univers. Ce titre n’est pas anodin, il rappelle que Jésus n’a pas promis une victoire terrestre mais bien une victoire à la fin de toute l’histoire. Le jour où le Christ reviendra en gloire, l’histoire cessera pour « entrer dans l’éternité ».
A y regarder de plus près, l’Evangile de ce dimanche est rempli de miséricorde derrière sa rugueuse finale. Sur les trois serviteurs, un seul est jugé sévèrement, ce qui fait deux tiers de talents fructifiés. Et puis, le maître juge le serviteur d’après ses propres dires « Je savais que tu es un homme dur ». Le serviteur se juge lui-même et c’est la peur qui détermine ses choix. Comme pour Marie, Dieu nous appelle à des choix libres et aimants. Laissons Dieu nous dévoiler dès ce monde son véritable visage !
Christophe Martin+