Après la procession accompagnée du chant d’entrée, actuellement, le prêtre a trois possibilités pour ouvrir la célébration de l’eucharistie qui viennent des Saintes Ecritures.
L’une d’entre elles nous place devant le mystère de la Sainte Trinité « La grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous. ». Elle provient de la conclusion de la 2ème lettre de St Paul aux Corinthiens (2 Co 13,13). C’est admirable de se dire que St Paul, sans employer le mot technique de Trinité qui n’apparaîtra qu’à la fin du II siècle par Tertullien, en décrit très tôt toute la réalité.
Une deuxième salutation invite l’assemblée à se présenter devant le ressuscité. « Le Seigneur soit avec vous ». Elle aussi peut se retrouver à la conclusion de la lettre de St Paul aux Colossiens (Col 4,18).
Une dernière salutation, moins connue, revient fréquemment dans le début des lettres de St Paul « Que Dieu notre Père et Jésus Christ notre Seigneur vous donnent la grâce et la paix » (1Co1,3 ; 2Co 1,2 ; Ga1,3 ; Ep1,2 ; Ph1,2). Elle insiste sur les dons du Père et du Fils pour les hommes, la grâce et la paix. On pourra noter dans sa formulation l’omission de l’Esprit Saint. Les premiers chrétiens valorisaient surtout la divinité de Jésus Christ. La question de l’Esprit Saint est apparue plus tardivement. Cet accent théologique se voit aussi nettement dans l’antique symbole des apôtres, où l’Esprit Saint a une faible place, par rapport au symbole de Nicée Constantinople.
Ces trois salutations, issues des lettres de St Paul, rappellent que le prêtre ne parle pas en son nom propre mais c’est Dieu, par sa Parole, qui rassemble son peuple. Comme à l’époque de St Paul, Dieu ne cesse d’écrire à ses fidèles non pas avec du papier mais par des paroles amoureuses.
Si nous sommes habitués à ce style d’ouverture des eucharisties, cette partie de la messe a beaucoup varié à chaque époque de l‘Eglise. Ecoutons encore une fois un spécialiste de l’histoire de la liturgie, J-A Jungmann « La célébration eucharistique pourrait commencer par la préparation des oblats et la prière d’action de grâces. Mais, dès la fin de l’antiquité chrétienne, c’est partout une règle inviolable qu’elle s’ouvre par une introduction composée de lectures scripturaires. Il faut d’abord pour ainsi dire créer une atmosphère de foi avant que s’accomplisse le mystère de foi. L’avant-messe ou plus exactement son assise la plus ancienne qui commence par des lectures, était primitivement une donnée liturgique indépendante. On célébrait par exemple l’avant-messe dans une église, le saint Sacrifice dans une autre. Ainsi, vers la fin du IV ème siècle, à Jérusalem et en Afrique du Nord, du monastère de Sabas dans la vallée du Cédron, où demeuraient ensemble des moines de différentes nationalités, Géorgiens, Syriens et Latins, on rapporte qu’ils disaient dans des oratoires séparés et en la langue de leurs pays les lectures et les prières d’introduction au service divin ; puis il se réunissaient pour le sacrifice où l’on faisait usage du grec. »
Missarum Sollemnia.
Christophe Martin, curé