C’est une vraie joie que de participer à la messe du dimanche à laquelle dieu nous invite : mais participer peut se décliner de bien des manières et on a besoin que chacun prenne sa place dans le concert liturgique où les talents et les charismes propres à chacun sont mis au service de tous.
La messe : de tout temps un lieu de participation des laïcs
La messe est la source et le sommet de la vie de tout chrétien : il y puise les forces dont il a besoin pour vivre sa semaine avec le Seigneur et tous ses actes de la semaine y trouvent leur accomplissement en étant offert au Père par le Fils. Depuis toujours, les chrétiens ont vécu ce temps liturgique intensément. Mais certaines périodes de l’histoire de l’Eglise furent moins propices à la participation des fidèles (comment par exemple participer quand on ne voit pas même ce qui se déroule au chœur du fait d’un jubé qui sépare le chœur de la nef ???) Dès le début du 19ième siècle et plus tard avec le pape Pie X, en 1903 (avec son Motu proprio « Tra le sollicitudini »), l’Eglise insiste sur la participation des fidèles et en rappelle l’importance. Un nouvel élan est donné, repris par Pie XI puis Pie XII dans son encyclique « Mediator dei ». Ce désir des papes successifs et les travaux du mouvement liturgique inauguré en 1830, aboutiront au texte de Vatican II. Il s’agit bien, par une participation active et vivante, de grandir en sainteté : « ce peuple est saint par son origine : cependant par sa participation consciente, active et fructueuse au mystère eucharistique, il progresse continuellement en sainteté » (présentation du Missel romain n 5). On ne participe pas pour faire plus ou mieux que les autres ou pour ne pas s’ennuyer ou pour tout autre raison pratique, on participe pour faire grandir en nous la grâce du Baptême et faire de nous les saints que Dieu veut.
Participation « consciente, active, fructueuse »
Par le chant, les réponses faites à haute voix et ensemble, les gestes et attitudes, l’écoute attentive de la parole, l’intériorité priante, le silence attentif et la communion, les fidèles répondent à leur rôle principal : rendre grâce à Dieu (sens du mot « eucharistie », offrir au père la Victime parfaite (le Christ) et s’offrir avec Lui. On peut lire dans la Présentation générale du Missel romain au n 62 : « Dans la célébration de la messe, les fidèles constituent le peuple saint, le peuple acquis à Dieu et le sacerdoce royal, pour rendre grâce à Dieu et pour offrir la victime sans tache : non seulement pour l’offrir par les mains du prêtre, mais pour l’offrir ensemble avec lui et apprendre à s’offrir eux-mêmes. Ils s’efforceront de le manifester par un profond sens religieux, et par leur charité envers les frères qui participent à la même célébration. Ils constitueront un seul corps soit en écoutant la Parole de Dieu soit en tenant leur partie dans les prières et le chant soit surtout par l’oblation commune du sacrifice et la participation des fidèles et le chant, soit surtout par l’oblation commune du sacrifice et la participation commune à la table du seigneur. Cette unité se manifeste avec beauté du fait que les fidèles observent les mêmes gestes et les mêmes attitudes. » PGMR n 62. Participer à la liturgie, c’est donc d’abord et avant tout entrer dans ce mystère pascal, ce sacrifice offert en notre nom par le prêtre pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Il convient ici de rappeler que tout fidèle de l’assemblée (quel que soit son âge ou ses capacités, quelque soit sa contribution extérieure ou visible (ou audible !) participe réellement et efficacement à l’action liturgique.
Participation ???
Mais quand il s’agit d’une participation visible, tout le monde n’est pas appelé à tout faire et il s’agit de prendre la place juste et adaptée au besoin de la liturgie. On lit dans la Constitution sur la Liturgie Sacrée : « Dans les célébrations liturgiques, chacun, ministre ou fidèle, en s’acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des raisons liturgiques. » Constitution sur la Sainte Liturgie n°28
Comme dans un orchestre chacun, de la grosse caisse au triangle, trouvera la place qui lui convient et saura la tenir avec soin et cœur. Il est utile de préciser qu’il n’y a ni hiérarchie ni supériorité d’un rôle sur un autre. L’Eglise a besoin de tous et chacun est dans le « corps » du Christ, chaque membre est utile s’il prend sa place. Cependant tous ces rôles sont marqués par un mystère sponsal (d’épousailles, d’alliance) qui vient du mystère même de l’Eglise et du Christ. L’Eglise est cette épouse pour laquelle le Christ a donné sa vie : « Le Christ a aimé l’Eglise, il s’est livré lui-même pour elle » Ephésiens, 5-25, afin de la rendre sainte, « il voulait se la présenter à lui-même, cette Eglise, resplendissante et sans tâche ni ride, ni rien de tel, il la voulait sainte et immaculée » Ephésiens, 5-27. Le Christ est l’époux, comme dit Jean-Baptiste, et c’est sur la croix qu’il verse son sang pour son épouse ; mystère de la croix réactualisé à chaque messe. C’est ce mystère d’alliance, de complémentarité que l’on retrouve dans les rites liturgiques. Ainsi, le prêtre qui agit « in persona Christi » est celui qui représente le Christ et agit en son nom. Il donne sa vie -à l’image du Christ- pour son Eglise et les fidèles sont comme une épouse pour lui. Ainsi, les enfants de chœur, en s’approchant de l’autel, se rapprochent de cette vocation sacerdotale. Le Christ a montré durant toute sa vie une liberté souveraine face au monde qui l’entourait et à ses us et coutume et il s’est entouré de femmes. Il a cependant choisi des hommes (et uniquement des hommes) le soir si important du jeudi Saint où il a institué l’eucharistie et l’Eglise y a toujours vu un signe fort du caractère masculin du sacerdoce., choix qui est maintenu à ce jour. Bien des prêtres peuvent témoigner de leur vocation qui naquit au pied de l’autel quand il servait la messe, enfant.
On pourrait rétorquer que La Congrégation pour le Culte Divin et la discipline des sacrements (adressée aux présidents des Conférences épiscopales) le 15 mars 1994 a autorisé pour la première fois l’accès au service de l’autel aux filles (la tradition tant de l’orient que de l’occident n’admettait au service de l’autel que les garçons du fait justement que la notion de clergé est liée au sanctuaire) et l’a soumis à l’autorisation de l’évêque et du prêtre responsable des communautés. Mais il est important aussi de citer un passage dans cette même lettre qui remet les choses en perspective à savoir : « Le saint Siège rappelle qu'il sera toujours opportun de suivre la noble tradition du service de l'autel confié à de jeunes garçons. On sait que ce service a permis un développement encourageant des vocations sacerdotales. L'obligation de continuer à favoriser l'existence de ces groupes d'enfants de choeur demeurera donc toujours.
Il apparait donc juste de chercher à ce que les filles puissent avoir une place qui leur soit propre. En tout cas, dans notre paroisse c’est le choix qui est fait.
Alors, quelle est la place des servantes d’assemblée dans tout cela ?
Elles n’ont pas un rôle inférieur. Non, Il ne s’agit pas d’infériorité mais de complémentarité. Il est beau que les filles puissent tenir un rôle articulé avec celui des servants d’autel, dans la complémentarité des grâces. Unité n’est pas uniformité et égalité n’est pas négation des richesses propres à chacun. La fonction des servantes d’assemblée est davantage tournée vers le peuple de Dieu, comme leur nom l’indique. Dans le rôle féminin et marial, elles représentent, en quelques sorte, le peuple de Dieu -l’épouse- et l’aident à prier, par leur recueillement (qui comme celui de tout fidèle, est aussi appelé à s’améliorer). Elles présentent, également, les offrandes des fidèles (leurs prières, leur vie, leurs joies, leurs peines ou leurs difficultés)
Ceci est le double mouvement de la messe : Jésus se donne à nous mais nous nous donnons aussi à lui comme les vierges de la Parabole qui attendent la venue de l’époux et se tiennent éveillées dans une prière ardente ; mystère d’épousailles, d’alliance, d’offrande de soi. Et que pourrait faire le prêtre et même le Christ si on ne lui offrait pas nos vies, notre travail, que le Christ va assumer et qu’il va transformer en son corps. Si le Christ a voulu se servir des cinq pains et les deux poissons du jeune garçon pour multiplier la nourriture, Il attend aujourd’hui, à la messe, nos cinq pains et nos deux poissons qui sont l’offrande de tout ce que nous avons et de tout ce que nous sommes, pour se donner lui-même. Ces pains et ces poissons ce sont, aujourd’hui, les hosties (pain qui est » fruit de la terre et du travail des hommes » : il est œuvre de Dieu en coopération avec le travail des hommes). Elles sont apportées par les servantes d’assemblés, au nom de tous et de chacun. Elles ont dans les mains ce que nous offrons et l’apportent au prêtre par les servants d’autel. Très beau geste de l’offrande.
Voilà un des aspects de leur service.
Plus pratiquement
Pour les servantes, c’est un service qui leur permet d’entrer dans la liturgie par l’expérience et aussi par l’intériorité. Pour commencer il s’agit d’être attentif, d’ arriver à l’heure et de se préparer en revêtant un habit propre à la liturgie. Il leur est demandé d’être attentives à bien accomplir ce qui leur est demandé, d’essayer de mieux comprendre ce que les gestes qu’elles accomplissent (en particulier au nom de toute l’Eglise) signifient, d’être attentives aux lectures… Quand on revêt une cape, on revêt une responsabilité. Par ailleurs, elles font aussi partie d’un plus petit groupe au sein de l’Eglise, signe d’une vie communautaire que l’on veut vivre au sein de la communauté plus grande. Prise en charge par un adulte qui peut les accompagner, les guider, elles grandissent dans la compréhension des mystères. Elles ont un petit entretien régulièrement au début ou à la fin de la messe ainsi qu’un temps privilégié plus long au cours d’une ou deux après-midis par an alliant enseignement et convivialité.
Les servantes d’assemblées sont un groupe parmi les nombreux groupes de notre paroisse qui sont signes de sa vitalité et de la variété des dons mis au service de tous. C’est un groupe ouvert aux filles de 5/6 ans à 12/13 ans. Et si les plus âgées désirent accompagner les plus jeunes, elles seront les bienvenues !
Pour tous renseignements vous pouvez vous adresser à Frédérique Goliot et Pascale Walker.
Que l’Esprit saint nous aide chacun à ne pas jalouser la place de notre « voisin » (dans la communion des saints ce qui est de richesse de l’autre est aussi la mienne !), à ne pas récriminer et sans cesse remettre en cause mais bien à rendre grâce pour le fait que le Seigneur nous appelle à collaborer à ses saints mystères et à discerner quelle est notre propre place qui, si nous ne la tenons pas, sera une perte pour toute la communauté.